Mémoires de Cartouchiers  1/2


Quand l'ATE fabriquait des cartouches de chasse ...

PRÉAMBULE: Que les chasseurs me pardonnent car je crains qu’ils n’apprennent pas grand-chose du stéphanois que je suis.
Dans cette région, que certains d’entre vous connaissent, dans les années 50, période où je fréquentais l’école primaire, beaucoup de puits de mine (je pense à COURIOT) étaient encore exploités. Les aciéries du MARAIS, elles aussi, crachaient leur épaisse fumée qui sortait des convertisseurs Bessemer en laissant échapper une odeur de calamine et les fines particules de cendres ainsi rejetées noircissaient l’environnement en polluant l’atmosphère.
À cette époque là on pouvait encore côtoyer sur le chemin menant à l’école des armuriers installés dans des ateliers aux grandes fenêtres pour laisser entrer la lumière nécessaire et indispensable à l’ajustement les derniers centièmes de la culasse du fusil …c’était l’époque de MANUFRANCE.
Si 
j’évoque ces années là c’est tout simplement pour parler des cartouches de chasse qui ont été fabriquées à la Cartoucherie de Toulouse au cours de cette période.

10 cartouches de 16 conditionnées en boite carton.

Quand l’ATE fabriquait des cartouches de chasse.

Parmi les objets, pièces diverses que nous avons la chance de posséder à l’AACT nous comptons en effet des cartouches de chasse offertes par un généreux donateur. Ces cartouches de calibre 12 et 16 ont un étui entièrement monobloc (culot et enveloppe) respectivement en acier et en laiton. L’amorce provient de l’A.TS (Tarbes) et la poudre est de type T.

Ces cartouches ont été fabriquées à l’A.TE après la deuxième guerre mondiale, dans le but d'employer un effectif encore important.


La Cartoucherie d’alors, comme bon nombre d’arsenaux, possédait les moyens techniques et industriels de fabrication en très grande série permettant d’allier efficacité, qualité et performance, vertus ô combien appréciées des chasseurs. Les fabricants civils de l’époque (TUNET) ayant déposé un recours pour protester en invoquant une concurrence plus ou moins déloyale, nous savons, de source fiable que la fabrication s’est arrêtée en 1951. 

En conséquence, nous possédons peu d’information sur cette fabrication qui  n’a pas duré très longtemps.

Un peu d’histoire pour parler calibres 

 (Informations recueillies dans la revue « Chasseur Français »)

Le 16 a fait te bonheur de plusieurs générations de chasseurs, avant de tomber progressivement dans l'oubli. C'est pourtant un excellent calibre, en comparaison avec le 12 et le 20.

Explications : Au début du XIX siècle, le chasseur n'avait pas besoin de choisir le calibre de son fusil de chasse. Le 16 faisait l'unanimité, et tout le monde l'utilisait sans se poser la moindre question. Deux siècles plus tard, il a pratiquement disparu des rayons d'armes neuves. 

Un jeune chasseur n'aura généralement le choix qu'entre un calibre 12 et un 20 magnum. II aura bien du mal à trouver un 16, qui est pourtant, à notre avis, le calibre le mieux adapté à la chasse française. Heureusement, le marché de l'occasion offre encore de belles opportunités à petits prix. Par ailleurs, certains fabricants traditionnels ont conservé ce calibre bien français dans leur gamme. 

Cartouches ATE

A gauche : calibre 12 en acier.

A droite :   calibre 16 en laiton.


Un calibre c’est quoi ?      Les calibres pour fusils lisses ne s’expriment pas en millimètres mais, selon une coutume qui remonte au XVIII e siècle, en nombre de balles sphériques identiques pouvant être fabriquées dans une livre ancienne (489.5 g) de plomb pur, d'une densité de 11,35. En fondant cette livre et en obtenant 12 billes, cela a permis de définir le calibre 12 ; 16 billes pour le calibre 16 ; 20 billes pour le calibre 20 et ainsi de suite pour le 24, le 28, le 32 et le 36, ce dernier étant également connu sous le nom de .410, une appellation américaine.                                                  

 Le calibre 16 est un parfait compromis entre le 12 et le 20.

Ces calibres pour canons lisses ont été limités et normalisés en 1911 par une convention internationale. Celle-ci est toujours en vigueur actuellement. Le diamètre de ces balles donne le diamètre intérieur moyen de l’âme du canon : 18.5 mm pour le calibre 12 ; 16.8 mm pour le calibre 16 ; 15.6 mm pour le 20, etc. 

Plus le chiffre est grand, plus le calibre est petit. Le calibre 36 correspondant au 12 mm


La mode du 12

Le 16 est tombé en désuétude pour des raisons difficiles à expliquer. Une hypothèse est le développement du tir au pigeon à la fin du XIXe siècle. Les grands fusils de la Belle Époque se retrouvaient au printemps et en été dans des clubs prestigieux, entre Vichy, Deauville et Monte-Carlo. L‘objectif était de stopper net en vol le plus grand nombre possible de pigeons ; pour cela, on utilisait les nouveaux calibres 12, adoptés avec succès par les grands champions américains, notamment avec leurs nouveaux semi-automatiques mono canon, dont la longue ligne de visée était précise et le canon idéalement léger pour ce tir rapide. En saison de chasse, ces tireurs souvent fortunés se retrouvaient lors des grandes battues d'automne aux perdreaux en Beauce, aux faisans en Île-de-France et aux lièvres en Alsace. Au poste, le 12 était un avantage comme il permettait de tirer loin il était plus meurtrier. La mode de la chasse au calibre 12 était lancée et elle s'est répercutée rapidement en France.

Aujourd'hui, le 16 reste un parfait compromis entre le 12 - un peu trop lourd, encombrant, avec un fort recul - et le 20, très fin, élégant mais manquant parfois de puissance sur les gibiers lointains et difficiles. Dans la grande majorité des cas, on peut considérer que le 12 est surpuissant pour la chasse classique française. Le 16 suffirait amplement notamment pour le chasseur français, celui qui marche, crapahute, passe sous les fils barbelés et enjambe les fossés.

Moins lourd, celui-ci fait merveille à la billebaude et sur toutes les proies. On l'utilise même avec efficacité sur le gros gibier avec des cartouches équipées de chevrotines.

Le nom qui a d'ailleurs été donné à ces munitions venait du mot “chevreuil”, bête répandue un peu partout dans les forêts françaises et qui était tirée comme un gros lièvre au calibre 16. 

Alors 12 ou 16 ?       Laiton ou acier ?

  C’est donc un peu avant 1950 qu’à la Cartoucherie les deux matériaux ont servi à la fabrication des cartouches de calibre 12 et 16

Sans aborder des considérations trop techniques (métallurgiques et mécaniques) nous savons que les propriétés mécaniques d’un acier doux bas carbone type XC sont supérieures à celles d’un laiton UZ30. Pour cette raison l’acier a été choisi pour fabriquer les cartouches de calibre 12 plus puissantes comme nous venons de le voir. Mais le corollaire de ce choix est que les moyens de mise en œuvre sont souvent plus compliqués avec notamment la nécessité de traitements de surface et l’utilisation de machines plus puissantes. L’avantage du laiton repose essentiellement sur sa ductilité comparée à celle de l’acier ce qui autorise des taux de déformation plus importants et un réemploi également plus facile pour les chasseurs équipés du matériel adapté.                                                                                                 Alain PARDON.



En juin 1940 : 11812 personnes travaillent à l’ATE.

Les camps de la Cépière et de Bourrassol sont bâtis pour en héberger une partie.

Dans les années 1930, la montée des fascismes menace la paix du continent européen.

La France, quoique l’on en pense, se prépare alors à affronter toutes les éventualités y compris la pire.

 

Pour s’y préparer de très gros crédits sont affectés à la construction de la ligne Maginot qui profite des toutes dernières innovations techniques et un programme sans précédent de modernisation de notre armement est entrepris : marine, aviation, blindés et artillerie en bénéficient. Si l'on peut toujours discuter du niveau de ces investissements mais surtout, de la stratégie et de la façon dont furent utilisés hommes et matériels en 1940, on ne peut remettre en cause la clairvoyance de certains de nos stratèges qui pressentaient déjà l'imminence de notre entrée en guerre.

Dès 1931, une circulaire ministérielle rend obligatoire sur tout le territoire, l'organisation de la Défense Passive qui prend forme dans les détails à Toulouse, suite à l'arrêté préfectoral du 16 mars 1936. La ville se dote alors d'une Commission Urbaine de Défense Passive.

Dans un courrier classifié « SECRET » adressé à la Mairie de Tournefeuille le 21 janvier 1937, le Général de la 17ème Région militaire demande qu’ « en raison du danger aérien, … la dispersion du personnel de renforcement destiné à l’Atelier de Fabrication » nécessite que « la commune de Tournefeuille se destine à recevoir 972 personnes ».

Ce courrier, vraisemblablement adressé à l’ensemble des communes limitrophes, prévoit l’organisation de cantonnements substitutifs pour une partie des personnels de la Cartoucherie, en cas de bombardement. Bien que Toulouse soit éloignée des frontières potentiellement menaçantes, cela démontre à quel point,  dès 1936, la Commission Urbaine de la Défense Passive avait étudié toutes les éventualités et apporté des solutions planifiées. 


Comment préparer une montée en puissance des cadences de production de nos arsenaux ?

La Cartoucherie qui compte environ 800 employé(e)s à l’été 1939, se voit progressivement adjoindre en quelques mois, pas moins de 11000 personnes supplémentaires afin d’assurer une production optimale.

Multiplier par 15 les effectifs d’une usine ne s’improvise pas et nécessite une sérieuse organisation : il est nécessaire d’assurer les approvisionnements en matières et outillages mais aussi d'organiser des formations de personnels. De plus, pour accueillir ce grand nombre de nouveaux venus, il est impérieux de pouvoir les loger et là aussi : il faut aller très vite. Le 15 mars 1940 le Ministre de l’Armement réquisitionne les terrains de la Cépière et de Bourrassol pour y bâtir des baraquements hébergeant respectivement 2500 et 2000 personnes. Trois mois plus tard, le 22 juin, jour de l’armistice, les camps de la Cépière et Bourrassol sont quasiment terminés mais les effectifs de l’ATE fondent alors drastiquement, rendant inutiles les 40 bâtiments utilisés en dortoir et les 18 autres destinés à accueillir des familles. 

En 1941 certains seront occupés par la Gendarmerie, d’autres par les Chantiers de Jeunesse, certains par des familles de Cartouchiers et de celles de la société LATIL installée dans quelques-uns de nos ateliers. 

 

C'est ainsi que, grâce à la prévoyance de certains visionnaires du début des années 30, notre établissement sût réagir à la vitesse grand V à ce défit hors normes afin d'approvisionner l'armée française de façon importante.   RG

 Concernant la Cité Bourrassol, deux témoignages prêtent à interrogations : D'après certaines sources,  des bâtiments de Bourrassol ont servi pour le stockage de moteurs d’avions allemands en attente de livraison. Paul Toulouse, à la tête d'un commando de résistants, tentera de détruire ce dépôt et périra de ses blessures à l’angle de la rue des Braves et de l’avenue de Grande-Bretagne).

De plus, la famille Berthaux dont le père travaillait pour LATIL à la Cartoucherie, habitait, à ce titre, la cité Bourrassol pendant la guerre. Elle nous a confié une série de 9 photos (voir ci-contre) attestant de dégâts provoqués par la chute d'une bombe sur la cité, pendant un bombardement, le "19 août 1944, de 17h45 à 2h00 du matin" comme il est mentionné au dos de chacun des clichés. Or, le dernier des quatre bombardements opérés sur Toulouse a eut lieu une semaine avant, le 12 août 1944.            Alors ?

- S'agit-il d'une erreur de datation sur le dos de photos développées plusieurs jours ou semaines après,    ou bien

- Serait-ce le résultat de l'attaque des résistants, menée par Paul Toulouse ?                   Réponses à découvrir !



Un camp et la tombe d’un légionnaire romain découverts sur le terrain du Polygone.

Le livret « Atelier de Fabrication », daté du mois d’avril 1962 (que vous pouvez découvrir en cliquant ICI ) présente sommairement les activités et installations de l'ATE et nous éclaire sur un pan supplémentaire de l’histoire liée à notre établissement.

Nous y apprenons qu’un camp romain de campagne était implanté sur la partie sud-ouest du Polygone (ex-service Chargement) et que la tombe d’un soldat romain, paré de son armure, fût découverte lors de la construction des Ateliers M3 et M7.

Non loin du site des arènes romaines, des thermes de la cité d’Ancely et du passage de l’aqueduc approvisionnant la Tolosa romaine, ce castrum en défendait l’un des accès.

Ainsi, il y a 2000 ans, ce bout de terrain avait déjà une fonction militaire.

Ce sont les travaux de construction de l’Atelier M2 (future Halle de la Cartoucherie) qui ont révélé cette sépulture en 1917, à l’heure du premier conflit mondial.

On peut penser qu’alors, la réalisation de fouilles archéologiques, n’était pas dans l’air du temps car l’effort de guerre primait sur toute autre considération.

Néanmoins, cette information soulève quelques questions :

Que reste-t-il aujourd’hui de cette découverte ?

Des objets (cuirasse, armements, …) ont-ils été conservés ?

Tout cela a-t-il été, quelque part inventorié ? 

 

Peut-être, un jour en apprendrons-nous davantage sur celles et ceux qui, bien avant nous, vécurent en ces lieux.                                                                 RG

Découvrez Toulouse à l'époque romaine en cliquant sur le bouton ci-dessous



Cartes d'identité d'ouvriers de la Grande Guerre.

De part et d'autre, vous trouverez les cartes d'identité de deux des très nombreux ouvriers qui travaillèrent à la Cartoucherie pendant le 1er conflit mondial. Il faut rappeler qu'à l'époque ils n'étaient pas moins de 3861 ouvriers civils à œuvrer parmi une armée de 14730 salarié(e)s.


1880  Des cartouchiers se font tirer le portrait

1880. Voilà déjà 5 ans que les premiers ateliers de Chargement de la Cartoucherie sont installés sur les bords de la route nationale N°124, allant de Toulouse à Bayonne (aujourd'hui baptisée Avenue de Grande-Bretagne). Pourtant d'autres services emploient toujours des cartouchiers entre les murs de l'Arsenal.

Ceux-ci, dont on ignore les emplois, ont pris le temps d'immortaliser leur présence.

A quelle occasion et pour quelle circonstance ?

Nous ne le saurons hélas jamais.


Les conditions de travail des Munitionnettes à Toulouse.

Debout femmes françaises, jeunes enfants !

Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur les champs de bataille !  (1)

 

C’est en ces termes que René Viviani, Président du Conseil des Ministres, lance cet appel solennel "AUX FEMMES FRANÇAISES" dans les tous premiers jours du conflit. L’instant est grave : non seulement il faut remplacer les hommes qui ont été mobilisés sur le front mais il faut aussi lancer la machine industrielle à un niveau capable de répondre aux besoins.

 

Et en matière d’armement, ils sont colossaux :

« Dès août et à l’automne 1914, les consommations d’armement deviennent exponentielles.

Le 20 septembre 1914, la demande est de 100 000 obus de 75mm par jour.

L’offensive sur Verdun en 1916 demande 200 000 obus de 75 et 50 000 obus de 105.

Lors de l’offensive sur Petrograd, les allemands ont déversé, avec 1500 canons, 700 000 projectiles, soit le chargement de 1000 trains, … » (2)


 Il est donc vital de gagner la bataille industrielle pour gagner la guerre.

A Toulouse, l’effectif de l’ATE ne va cesser de grimper pour atteindre en 1918 le cap des 15 000 salariés dont la moitié sont des femmes.  Si l’on regroupe les établissements d’Etat que sont l’Arsenal, la Poudrerie et la Cartoucherie, ils emploient à eux trois quelques 11 531 ouvrières (3) appelées munitionnettes.

La plupart d’entre elles font connaissance avec le travail en usine, à la chaîne et au rendement. Elles travaillent dans des conditions difficiles où les mesures de sécurité ne sont pas ou prou en vigueur et les accidents du travail sont logiquement plus nombreux qu’avant la guerre. Ils concernent les deux sexes et sont dû aux postes mal adaptés, aux cadences répétitives mais aussi à l’inexpérience de ces nouveaux prolétaires. Même si, d’août 1914 à décembre 1918,  l’effectif de la Cartoucherie est multiplié par vingt, le nombre d’accidents déclarés pour la même période n’est « seulement » multiplié que par trois.

A cela, s’ajoute l’utilisation de produits toxiques dans nos industries.

Ainsi, à l’ATE certains sont utilisés au Service Chargement tels que la mélinite et le fulminate rentrant dans la composition des amorces de cartouches, mais aussi au vernissage des obus, provoquant dermites et eczémas,  troubles gastriques et respiratoires pour l’ensemble du personnel, hommes et femmes.

On n’hésite pas à confier certains postes dangereux à des travailleurs coloniaux pour qui on a moins de scrupules à faire manipuler et respirer ces poisons. Mais on prend aussi des mesures. Notre association possède un document manuscrit traitant de celles en vigueur au Chargement pour la fabrication des balles traceuses (4). Ce document est daté du 7 février 1939 mais concerne une production déjà fabriquée en 1914-1918. Il y est recommandé de faire tourner régulièrement les ouvrières sur certains postes, les équiper de sandales, bonnets gants et blouses longues et leur fournir brosses à dents et à ongles. Pendant les 2 repos de 15mn par séances de travail, elles doivent se laver les mains, la bouche et les ongles, .. Cela nous donne une petite idée de la nocivité des produits utilisés.

A la Poudrerie, alors que les femmes et les enfants sont exclus des services où sont élaborés chlore, acide nitrique, fulminate de mercure et autres produits hautement insalubres, elles n’échappent pas au jaunissement de leur peau au contact de l’ypérite (gaz moutarde). L’exposition généralisée aux vapeurs d’alcool et d’éther n’est pas sans dommage sur la santé de tous. (5)

Au même titre que les mutineries de poilus se généraliseront  en 1917, nombreuses seront les revendications de nos munitionnettes qui iront jusqu’à la grève afin de réclamer de meilleures conditions de travail et l’augmentation de leur pouvoir d’achat.

Devant ce climat social quelque peu tendu, le Ministère de l’Armement s’inquiète de la protection de la maternité au sein de nos établissements. C’est ainsi qu’en 1917, le professeur Audubert mène une étude (6) sur les femmes enceintes dans les usines de guerre à Toulouse.

Il compare 145 d’entre elles avec 106 autres ayant eu une grossesse avec repos.

 

Le résultat est sans appel : ces 106 femmes ont donné naissance à terme dans 73% des cas, alors que nos 145 munitionnettes n’enregistrent qu’un taux de 43%.  De plus, le poids moyen à la naissance des enfants est de :          3,260kg pour le premier groupe, 3,225kg à l’Arsenal3,110kg à la Cartoucherie et  2,770kg à la Poudrerie.

 

Cette étude amènera nos Directions à éloigner les femmes enceintes des travaux pénibles et dangereux, les employant à des postes où elles seront assises (ces emplois étant moins rémunérés, certaines tarderont à déclarer leur grossesse).

En examinant le plan de l’ATE datant de 1919 (1), nous avons une idée exacte de l’ampleur des constructions effectuées pendant ces quatre années sur l’emprise du Polygone. Elles sont considérables et il s’agit pour la plupart d’ateliers permettant les fabrications d’armements mais pas seulement : nous connaissions déjà la caserne Gallièni qui deviendra plus tard l’EFT et qui fut construite pour abriter 2000 travailleurs malgaches. Mais il y a aussi, à l’époque, la construction d’une crèche pour les enfants de nos munitionnettes. Le bâtiment L qui l’abritait n’est autre que celui qui deviendra la Direction.

En se référant à un « Bulletin des usines de guerre » (1) de 1917, nous apprenons qu’après un aménagement provisoire de 50 lits, une nouvelle crèche sera inaugurée fin juillet et permettra d’accueillir un minimum de 160 enfants


Telles sont les conditions dans lesquelles évoluent nos munitionnettes pendant la première guerre mondiale. Et si l’appel de René Viviani s’adresse également aux jeunes enfants, à la Cartoucherie, les effectifs ne portent pas trace de l’utilisation d’enfants de moins de 18 ans. Pourtant sur quelques photos, certains paraissent bien jeunes ...

Il faut imaginer toute cette mixité rassemblée en si peu d’espace. En décembre 1918, les femmes de l’ATE, au nombre de 7285, travaillent parmi 2224 militaires et 3861 civils, 245 étrangers, 1007 coloniaux et 108 prisonniers de guerre. (7)

C’est pour honorer la mémoires de toutes ces femmes employées dans les usines d’armement que notre association a demander et à obtenu de la Mairie de Toulouse qu'une rue du nouvel écoquartier prenne le nom de « Rue des Munitionnettes », sur le lieu même où se situaient les ateliers de nos cartouchières.

RG 

(1)      Voir reproductions ci-jointes.

(2)      « La mobilisation industrielle lors de la première guerre mondiale » de Jacques PECHAMAT.

(3)      « Midi Pyrénées Info » N° 53 – Février 2014.

(4)      « Rapport sur le bioxyde de baryum »   7 Février 1939 - Document Archives AACT.     Voir 1ère page ci-jointe

(5)      Données et témoignages tirées de « Le travail des femmes dans les usines de guerre de la France méridionale » Annales du Midi (2008)  de Marie LLOSA.

(6)      « Le travail des femmes et principalement des femmes enceintes dans les usines de guerre à Toulouse » Annales de gynécologie et d’obstétrique (1918)    de P. AUDUBERT. 

(7)      « Historique et rapports d’activité de l’ATE » Série 1H1 répertoire n°789 – SHD-CAAPC-Châtellerault.


La Cartoucherie durant la Grande Guerre

 

L’examen des deux plans du Polygone que nous vous dévoilons ici nous donne l’occasion de rappeler le rôle essentiel que prit la Cartoucherie dans l’effort de guerre demandé à tout le pays durant la première guerre mondiale.

D’abord quelques chiffres (1) pour en mesurer toute l’importance : l’effectif de l’ATE qui était de 762 personnes en août 1914, passe à 9585 en septembre 1916 pour culminer à plus de 16000 salariés (2) avant de redescendre à 14730 en décembre 1918.

À ce moment-là, on y dénombre 7285 femmes, 1007 indochinois, 2224 militaires, 245 étrangers (Basques et Belges),108 prisonniers de guerre,  …..


Durant cette période, grâce à la construction de deux douilleries pour les petits, moyens et gros calibres, ce sont plus de 15 000 douilles qui sortent journellement des ateliers, auxquelles s’ajoutent 30 000 autres réfectionnées.

Les productions de l’époque (2) sont la fabrication de gargousses et de douilles de 155, de 105L et de 75mm.

L’ATE, qui fabriquait quotidiennement 150 000 cartouches de 8mm pour le fusil Lebel, élève sa cadence  à 2 000 000 (2), produisant ainsi quelques 6 milliards de munitions de ce calibre durant le conflit (3). 

Toutes ces activités ne sont pas hébergées en un même lieu. Les douilles de moyen et gros calibres sont réalisées à l’Arsenal avant d’être chargées et conditionnées à l’ATE. Le petit calibre est fabriqué, chargé et mis en caisse à la Cartoucherie, au Polygone. À cette époque l’Atelier de Fabrication de Toulouse, qui a gagné son autonomie par un décret paru le 8 novembre 1911, continue d’avoir des ateliers sur le site de l’Arsenal et cela continuera de la sorte, jusqu’à la fermeture de celui-ci dans le milieu des années 50.

Pour juger du niveau des investissements réalisés pendant ces quatre années de guerre nous pouvons étudier deux plans d’ensemble tirés des Archives Municipales de Toulouse.

Le premier datant de 1911 nous informe sur la séparation des terrains du Polygone, entre Atelier de Fabrication et Parc d’Artillerie, suite au décret susnommé. On y voit qu’à l’époque,  l’ATE  ne développe ses activités que dans les bâtiments référencés X, Y et Z, le reste étant exploité par l’Arsenal (Parc d’Artillerie).   

Alors que les seules constructions à vocation industrielle sont les ateliers X datant de 1876, utilisés pour le chargement des premières cartouches à étui métallique (calibre 11mm pour le fusil Gras), on constate que quelques autres bâtiments de moindre importance seront bâtis jusqu’en 1904. Les X, proches de la porte centrale N°2, sont ceux qui, plus tard hébergeront les locaux syndicaux et l’imprimerie.

Remarquez le bâtiment D.  Construit en 1864 comme Hangar au Matériel, il prendra le nom de Da pendant la guerre et hébergera à la fin de son existence les débuts du service MEL, avant d’être détruit dès l’avènement de GIAT Industries.

Figure également sur ce plan, une construction datant de 1877 et encore existante à ce jour : le bâtiment T que nous connaissons tous, puisque aujourd’hui il accueille la Salle de Réunion du Jardin Du Barry, là où nous nous réunissons pour les assemblées générales annuelles de notre association.

Sur le plan de 1919 nous constatons une expansion considérable des surfaces couvertes. C’est une production  multipliée par 12 ou 15 et nécessitant l’emploi de 20 fois plus de personnels qui provoque ce développement territorial au détriment de celui de l’Arsenal. D’un simple coup d’œil, nous pouvons en mesurer les effets puisque les bâtiments hachurés, existants à la déclaration de la guerre (2 août 1914), y sont en minorité.

Sans vouloir trop détailler, notons :

  • À l’est, la construction de la Caserne Galliéni où sont hébergés des travailleurs malgaches et qui abritera, en 1947 la nouvelle Ecole de Formation Technique.

  • L’implantation d’une nouvelle Cartoucherie (bâtiments D) qui vient suppléer l’ancienne (bâtiments X),
  • Les bâtiments L et L’ bâtis pour installer infirmerie et crèche, deviendront ceux de la Direction, des Services administratifs et du Central Téléphonique.

  • La création d’un Atelier Principal Aa (futurs garages ATE et CAP) et celle de l’Atelier Central Ab (agrandi à l’entre deux guerres).

  • L’édification des Ateliers du Matériel M où sont fabriquées les caisses bois utiles au conditionnement de toutes les munitions et qui deviendront plus tard les ateliers TMF, M2 et M3.  Seul M2 subsiste aujourd'hui et fait l'objet d'un programme de réhabilitation.

  • La mise en place de nombreuses poudrières séries C et T mais également celles propriétés de l’Arsenal série P situées sur l'actuel jardin du Barry.

On notera également l’ouverture de l’ATE au réseau ferré avec la construction de plusieurs dizaines de kilomètres de rails ainsi que celles de quais de chargement et d’expédition. 

Voici donc comment s’articule l’organisation interne de la Cartoucherie à la fin de la Grande Guerre.                                R.G.

Publications consultées :  (1) Répertoire n°1024-version du 20 mars 2012 du CAAPC/DAP de Châtellerault.

                                             (2) Selon article paru dans « Le Cri de Toulouse » n°9, paru le 8 mars 1919. 

                                               (3) Jacques PECHAMAT « La mobilisation industrielle lors de la Première Guerre Mondiale »


10 mars 1966 :  Bref historique de l'établissement

Document établi par le service BM à l'occasion de la visite du Directeur de la Délégation Ministérielle pour  l'Armement (ancêtre de la DGA)  à l'ATE.

Ce document  résume succinctement l'historique de l'acquisition en 1802 des terrains par la ville de Toulouse, la construction de divers bâtiments, leur utilisation et leurs productions. 


1910 :  Premier meeting aérien de Toulouse.

 

C'est dans le n° 98 de "L'oie de Saint-Cyprien" daté du 13 novembre 2006 que nous avons trouvé tous les détails de ce premier meeting aérien toulousain qui s'est déroulé sur le terrain du Polygone. A cette époque, quelques bâtiments dont les principaux sont la nouvelle cartoucherie (1876) et le hangar au matériel (1864) qui prendra plus tard le nom de DA, occupent le côté nord.

Leur concentration au bord de l'actuelle avenue de Grande-Bretagne laisse libre l'espace nécessaire aux évolutions des aéroplanes et à l'accueil du public.

Sur le plan de gauche, situez l'organisation (buvettes, tribunes, sens de circulation dans le quartier, ...) et ci-dessous prenez connaissance de l'article de François-Régis GASTOU et des photos prises à cette occasion.

 



Rues Roger SICRE,  André SAVÈS,  Jean GUIMÉRA.

Pendant des années, la mémoire de nos trois camarades fut honorée régulièrement  au monument aux morts de l'ATE (les 8 mai et 11 novembre) mais également à l'Atelier Central, là où ils avaient travaillé. Tous les 12 juin, le syndicat CGT de la Cartoucherie organisait une remise de gerbe et appelait à respecter une minute de silence à la mémoire des trois ouvriers.

Qui aurait pensé à l'époque que leurs noms, un jour, seraient donnés à des rues sillonnant un quartier d'habitations construit à la place des ateliers ?

Ce sera bientôt chose faite puisque le Conseil Municipal de la Ville de Toulouse l'a décidé lors de sa séance du 14 juin 2019. Notre association se félicite de cette décision qui permet de révéler à tous ce que furent leur combat et leur sacrifice, enfin sortis de l'ombre.       

Unis dans l'action, ensemble dénoncés et déportés, ils resteront côte à côte comme les rues qui les honorent.

             (voir plan ci-dessus).


Cartes postales de la Cartoucherie en 14-18

Ces deux photographies montrant des salariés de la Cartoucherie ont été dénichées sur internet. 

Datées des 21 et 29 octobre 1917, elles témoignent de l'activité de caisserie pour l'obus de 75 mm.



13 juin 1943    -    Souvenir de Berlin.

Cette photo de groupe a été prise le jour de Pentecôte, à Berlin. 

Debouts et de gauche à droite : Mrs Mayran, Alliens, Comère, Aversenq, Montferran, Maury, Peyre.

Accroupis : Mrs Denille, Benné, Simon, Labroue, Izard.  Ces jeunes cartouchiers furent, parmi d'autres, réquisitionnés autoritairement par l'entreprise pour aller travailler en Allemagne au titre de la Relève (3 ouvriers échangés contre 1 prisonnier de guerre). Partis le 12 janvier 1943, la plupart n'en revinrent qu'en 1945.

Parmi eux se trouve Marcel Labroue qui périt le 7 juillet 1944 lors du bombardement de Leipzig, il venait d'avoir 23 ans.       Il figurait sur le monument aux morts de l'ATE.

                Merci à Monsieur Jean BENNÉ pour nous avoir procuré cette photo et nous en avoir raconté l'histoire.

Jean BENNÉ relate ses 28 mois passés en Allemagne.

C’est dans le courant de 2018 que Pierre Benné nous a contacté pour nous informer que son père, Jean, ancien cartouchier comme lui, possédait une photo où figurait Marcel Labroue dont le nom est gravé sur le monument aux morts de l’ATE.

Suite à un long entretien que nous avons eu avec le père et le fils, Jean nous a procuré plusieurs photos de sa vie passée à la Cartoucherie.

Parmi elles, la photo de groupe prise à Berlin en 1943 méritait un petit rappel historique sur les conditions qui les conduirent, lui et ses camarades à partir pour l’Allemagne.

 

Monsieur Jean Benné, aujourd’hui âgé de 98 ans, fut apprenti à l’école de la Cartoucherie d’où il sortit en 1939, affecté comme ajusteur à l’Atelier Central.

Le 11 novembre 1942, la zone libre est envahie, Toulouse est occupée par les troupes nazies.

Tout juste plus d’un mois après, le 23 décembre 1942, la Direction de l’ATE envoie un ordre de réquisition à vingt jeunes ouvriers. Jean Benné fait partie de ceux-là, il n’a alors que 21 ans.

                  


Parti de Toulouse le 12 janvier 1943, il ne reverra la ville rose et ne retrouvera les siens que le 5 mai 1945.

La loi n° 51-538 du 14 mai 1951 les reconnaîtra comme   PCT   (personnes contraintes au travail en pays ennemi).


La lampe du retraité ...  souvenir d'un passé révolu.

Les plus anciens se souviennent encore de leur départ à la retraite.

La plupart du temps, un pot d'adieu immortalisait ce moment dans le service, le bureau ou l'atelier dans lequel il avait travaillé. Rassemblant amis et camarades de travail, c'était l'occasion de se rappeler les grands faits marquants de la carrière du partant, ceux qui avaient fait l'histoire de la Cartoucherie. 

Toutes et tous étaient là pour le saluer et l'honorer de leur amitié. Ce moment festif se déroulait autour d'un verre,  en dehors des heures de travail, après que le héros de la fête soit rentré de son entrevue avec le Directeur de l'établissement.


Chose rare mais ce jour là, ce dernier tenait à lui offrir la  "Lampe du Retraité".  En 1964, 1965, sous le directeur Paraire, cette lampe de "conception maison" était réalisée grâce à des éléments rentrants dans la fabrication des munitions, surmontés d'un abat-jour acheté.

On était chiche car chez nous à l'époque, il n'y avait pas encore de Comité d'Entreprise !

Plus tard, ce sera une lampe acquise dans le commerce qui fera l'affaire, jusque dans les années 2000. Pour parfaire le cadeau, un exemplaire photocopié d'un poème d'André Saurel (dit l'agneau) était joint à cette oeuvre.

Merci à Pierre BENNÉ et à son père Jean de nous avoir procurer les documents nécessaires à cet article.


Lucien Vieillard, résistant infiltré à la cartoucherie de Toulouse

 

 

Le temps passant, les témoins de la libération de Toulouse, le 19 août 1944, sont de moins en moins nombreux.

Lucien Vieillard fait partie des ces hommes qui ont participé activement à la résistance. Il fut notamment infiltré au sein de notre usine pour y collecter des renseignements. Ecoutez son récit témoignant d'actes individuels de sabotage.


Visionnez son témoignage vidéo en suivant le lien

'Lucien Vieillard un infiltré à la cartoucherie de Toulouse'


Voici enfin disponible pour tous la plaquette de l'AACT.

Ce condensé d'informations réalisé pour informer un large public, résume brièvement l'histoire du site et donne une idée sur quelques-unes des activités de la Cartoucherie de Toulouse.

Nous l'avons éditée pour faire connaître l'AACT auprès de chacun(e) d'entre vous.

Prenez en simplement connaissance ou mieux encore, 

téléchargez la pour pouvoir l'imprimer (recto verso) et la diffuser autour de vous !



Chronographe électro-balistique   « LE BOULENGÉ »

Parmi les documents et les objets que notre association a récupéré, il en est un qui est resté quelques temps une énigme.

 

C'est grâce à l'enquête réalisée par Alain Pardon que nous savons aujourd'hui à quoi servait ce drôle de machin.

 

Nous vous invitons à lire l'article ci-contre qu'il a réalisé pour nous expliquer l'histoire et  l'utilisation de ce chronographe.

Photo parue dans l'article de La Dépêche du Midi datée du 28 janvier 2018.





 

En 1966,

 

la Cartoucherie c'est : 

+  de  2000 machines

15,5 km de routes,

6,5 km de voies ferrées,

82 hectares de terrain,

295 bâtiments,

160 047 m2 de surfaces couvertes,

etc, etc .....

 Dans ce document daté du 10 mars 1966, le service BM* dresse, en trois parties, un état des lieux de la Cartoucherie.       

   On y apprend

     - le   Potentiel industriel de l'ATE 

     - les Consommations de l'année 1965

     - les Superficies.

 

 

 

 

       * Bâtiments et Moteurs



 Des fabrications civiles à l'ATE ?

 

Certains s'en souviennent, d'autres en ont entendu parler : après la deuxième guerre mondiale, les usines d'armements ont vu leurs cahiers de charge s'amenuiser de façon importante.

Pour pallier à ce manque d'activités, la Cartoucherie, comme d'autres établissements, eut recours à la fabrication de matériels civils.

 

Sur cette liste datée de juin 1989, Louis GAUBERT, un ancien de l'époque, se remémore les quelques productions réalisées après guerre.


Gaston Monnerville, cartouchier à Toulouse ....

Ce Martiniquais, petit-fils d'esclave devenu avocat, deviendra plus tard Président du Conseil

Mais qui savait, qu'étudiant à Toulouse de 1913 à 1921, il travailla un temps comme ouvrier à la Cartoucherie pour se payer ses études ?                

                         Vous trouverez ci-après une évocation de son passage dans notre ville, écrite par la Bâtonnier Jean-Louis MATHEU.



Le Cartouchier

Chacun reconnaitra ici la créativité et le coup de crayon de Gérard Dupin sur différentes couvertures de l'un des journaux syndicaux de la Cartoucherie



Quand le temps nous était compté !


Accident avenue de Grande Bretagne

Effervescence porte 1Bis, sur l'avenue de Grande Bretagne.


Une 4 Cv Renault se retrouve sur le trottoir en pleine heure de pointe ! 

 

Nous sommes passés à côté d'un drame.


Un tweet et nos reporters accourent !

 

La scène en images ........


Les résultats du constat de la maréchaussée prochainement.



La cartoucherie vue du ciel (Années 70)


Il était une fois le château d'eau

Pour beaucoup de Cartouchier(e)s, le château d’eau représentait une réserve aussi banale que celle que l’on peut voir en plaine ou sur le point culminant d’une colline dans la plupart de nos villages.

Mais celui de la cartoucherie était un site très particulier à plus d’un titre.

 Il abritait une installation de contrôle dont les résultats permettaient de prononcer ou non l’admission des lots de cartouches.

En effet le château d’eau servait de tour pour pratiquer les essais de chute notamment sur la cartouche de 30-550.

On peut voir sur la photo, au-dessus de la porte d’entrée du local d’essai, le tube dans lequel était hissé la cartouche au moyen d’un câble et d’un pédalier de bicyclette.

Photos  du château d'eau et de la  nappe prises par J.C. BIGAUT.
Photos du château d'eau et de la nappe prises par J.C. BIGAUT.

A droite sur la photo du château d'eau, une dalle  béton ainsi qu'une toiture au ras du sol protègent la nappe "à ciel ouvert" de puisage.


Après ce descriptif du site, il faut comprendre pourquoi cet essai (un peu barbare) était réalisé. Pour nous y aider, revenons à quelques considérations relatives à la cinématique et à l’énergie cinétique d’une arme de 30-550 dont la cadence de tir est voisine de 1500 coups par minute. La cartouche de 30 dans sa phase d’introduction dans la chambre de l’arme est soumise à une très forte décélération car sa vitesse d’introduction devient nulle quand la cartouche arrive au contact de son logement avant la mise à feu. Cet arrêt brutal se traduit par un dessertissage partiel de l’obus : ce dessertissage était caractérisé par la mesure de la longueur de la cartouche après le choc d’introduction. (en ayant pris soin de l’avoir mesurée avant) 

  • Principe de l’essai: La cartouche inerte était logée en position verticale dans un réceptacle pour reproduire un choc d’introduction dans la chambre de l’arme avec une masse parfaitement calibrée et invariable. Ce boitier réceptacle était hissé à la hauteur convenue et décroché pour tomber en chute libre. La chute se faisait sur une plaque d’acier elle-même posée sur un lit de sable. L’impact était censé reproduire un choc d’introduction et permettait d’évaluer l’allongement après la chute. Notre château d’eau servait donc de tour pour pratiquer ces essais de chute. L’installation dans son principe était relativement simple voire même un peu empirique de l’avis de certains.
  • Justificatifs de cet essai : Sans vouloir rentrer dans des considérations trop pyrotechniques il faut néanmoins préciser qu’après la mise à feu, la montée en pression des gaz dans la douille ne peut se faire que dans la mesure où l’obus est lié à la douille. Cette liaison était donc caractérisée par la mesure des efforts d’arrachement et des allongements aux chocs d’introduction. Ces deux grandeurs devaient être parfaitement maîtrisées pour assurer le développement d’une courbe de pression satisfaisante. Pour cette raison donc, il existait dans les spécifications de contrôle constructeur cet essai de chute pour évaluer la bonne liaison douille/obus.

       Les experts qui ont souvent planché sur le sujet se rappelleront de : la forme de la gorge de l’obus, la qualité de la laque et du vernis d’étanchéité, les caractéristiques mécaniques du collet de la douille, le serrage tenon/douille, les conditions de sertissage etc…comme étant autant de variables capables de modifier les résultats.

A.P.                        

Souvenirs du Service Méthodes Munitions